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Les temps modernes

Revenons maintenant à la vie des gens de Cirey, désormais habitants d'une commune indépendante comptant 302 âmes ; c'étaient pour beaucoup des cultivateurs, propriétaires ou ouvriers (Colard, Grosjean, Laprend, Pescheurs, etc…) mais aussi des artisans, charpentier (Teinson), maréchal, "thuillier " (Bourdon), tisserand (Mouffet) etc…

   En attendant de pouvoir nommer un conseil municipal, le Préfet désigne le maire, Jean-François Grosrichard, et l'adjoint, Jean-Claude Riquet. Tous deux organisent la vie de leurs concitoyens ; un de leurs premiers soucis consiste à visiter régulièrement fours et cheminées, ce qui tend à prouver que, dans ces maisons vétustes, les incendies étaient fréquents. Après consultations des habitants, ils fixent l'ouverture des bans de fenaison, de moisson, ou de vendange (cette réglementation déjà ancienne, durera encore pendant plusieurs décennies). Dès 1800, ils invitent en ces termes leurs concitoyens à célébrer la fête du 14 juillet :

   Considérant que les habitants de cette commune n'ont aucun des moyens ordinaires dans les villes pour célébrer cette fête avec la pompe convenable, qu'ils ne peuvent témoigner autrement la joie qu'inspire la Liberté que par des chants patriotiques et par des danses champêtres ,

décide que le travail sera suspendu depuis la veille au soir (au son des cloches)

la séance commencera par des chants patriotiques, suivis d'un discours de l'adjoint, puis d'autres chants.

On se rendra ensuite au " pathis " entre les deux ponts, où les maris avec leurs femmes et les filles exécuteront des danses au son de la Lyre harmonieuse de l'Aveugle. On dansera et la fête se terminera par un hymne à la gloire du vainqueur de Marengo.

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Nos feux d'artifices actuels n'ont rien de comparable à ces réjouissances !!!

   Le 25 Vendémiaire an IX (1800), 8 conseillers municipaux sont nommés par le Préfet, dont Jean-Claude Colard, Jean-Claude Pescheur, François Bourdon etc……

   Autre évènement qui marquera la vie de la commune, la nomination d'un curé résident, l'abbé Mougnard, qui s'installera fin 1803.

   A cette occasion, Dournon est détaché de la paroisse qui comprenait Cirey, les Neuves-Granges, Marloz et Valleroy, et en échange, est annexé Vandelans qui, jusqu'alors relevait de Rigney.

   Quelques années plus tard, l'abbé Mougnard eut le souci de rétablir le culte de St Pierre de Tarentaise ; il offrit alors à la vénération des fidèles les fragments de reliques qui lui avaient été restitués : mais il avait omis d'en faire constater l'authenticité par l'autorité diocésaine. Averti, l'archevêque, Mgr Le Coz, délégua deux prêtres pour remédier à cette lacune. Comment le curé présenta t'il cette visite à ses ouailles, on ne le sait ; toujours est-il que les émissaires bisontins furent reçus " avec une violence et une indécence très punissables " par les paroissiens imaginant peut-être que les reliques seraient à nouveau enlevées. A cette occasion, l'abbé Mougnard reçut l'ordre de lire au prône une sévère admonestation de l'archevêque qui dut faire sensation (archives de l'église de Cirey) (mai 1812).

   Y avait-il difficulté à administrer la commune ? En tous cas, les maires et les adjoints se succédaient rapidement : en 1805, nomination de Jean-Claude Pescheur ; 1808, Jean-Pierre Pescheur. Entre-temps, Cirey s'était agrandi ; en effet, " par décret impérial du 23 avril 1807, la commune des Neuves-Granges était rattachée à Cirey, sa municipalité supprimée, ses papiers et registres transférés aux archives de la mairie de Cirey ".

   Le 10 avril 1808, la commune de Marloz subit le même sort, mais son maire déclara " qu'il n'existait pas de registre de mairie, ni de conseil ".

   Après ces deux annexions, la commune comptait 661 habitants au recensement de 1810. Mais les gens de Cirey devaient tenir à leur primauté ; en effet, quand en 1814, Nicolas Maillot, propriétaire aux Neuves-Granges, fut nommé maire par arrêté du Préfet, " sur commission extraordinaire du Roy " (Louis XVIII) ils adressèrent une supplique audit préfet pour le prier de choisir un maire à Cirey qui  compte autant d'habitants que les Neuves-Granges et Marloz réunis, alors qu'un " abitant " (sic) de Cirey, sincèrement éclairé par une longue expérience, connaît mieux que des étrangers le moyen de procurer une administration avantageuses pour le village de Cirey, qui est le chef-lieu de la paroisse.

   Le pays fut-il troublé par la fin des guerres napoléoniennes et l'invasion qui s'ensuivit, c'est probable car, en 1816, une ordonnance Royale (c'était alors le régime du concordat établi par Bonaparte qui faisait des prêtres des fonctionnaires appointés) ayant alloué une somme de 11.millions pour soulager les départements ayant " le plus souffert des malheurs de la guerre 1814-1815, la commune de Cirey se vit accorder 250 francs, à charge pour elle de nommer des répartiteurs " recommandables pour leur intégrité, leur impartialité et leur attachement au Gouvernement " (Nicolas Maillot et Jean-Baptiste Pescheur).

   Encore que le nouveau maire, Jean-Claude Rousset, et le conseil de fabrique aient eu quelques difficultés avec le curé Mougnard au sujet de l'inventaire des biens de l'église " tenus dans la plus grande malpropreté " (1816) (alors employé communal), les conseillers décident en avril 1817, " une occasion favorable s'étant présentée ", d'acquérir auprès des héritiers Cupillard une maison située près de l'église pour en faire un presbytère. Pour régulariser cette acquisition dont ils ont fait l'avance entre eux, ils demandent au préfet l'autorisation de vendre le quart de réserve de la commune, " ce qui leur permettrait en même temps d'acheter une maison pour le pâtre (alors employé communal) de creuser un puits au milieu du village, de remplacer les vases sacrés et d'acheter des ornements qui manquent à l'église ".

   Le 1er mars 1818, le maire renouvelle pour trois années " le marché de l'instituteur ". Celui-ci est chargé de " faire régulièrement la classe, d'enseigner aux enfants la morale de la religion catholique, à lire, écrire, le calcul décimal, le respect, l'obéissance et la soumission aux lois du Royaume, d'accompagner Mr le Curé dans toutes les communes où il portera les sacrements…. , de chanter les messes du dimanche et fêtes commandées par l'église…., de sonner l'Angélus la matin, à midi et le soir… Pour ce faire, l'instituteur recevait 400 francs annuellement, auxquels s'ajoutaient 18 francs pour " la remonte de l'horloge communale ". Les parents devaient lui payer chaque mois 40 centimes pour les enfants qui sont à l'alphabet, 50 centimes pour ceux qui sont à la lecture, 60 centimes pour écrivains et les calculateurs. !!

   A cette époque, l'école, le logement de l'instituteur et la maison commune étaient installés au fond de la ruelle, à gauche de l'actuel presbytère.

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Autre souci pour les gens de Cirey, le mauvais état du grand pont. Déjà, en 1811, on avait pu lire, affichée à la porte de l'église, la mise en adjudication des réparations les plus urgentes ; mais cette demande était demeurée sans suite. La question fut reprise en 1818, le conseil sollicitant l'accord du Préfet pour consulter un architecte, le pont " se trouvant entièrement dégradé et risquant d'être emporté par les grandes eaux ". Un architecte vésulien ayant été désigné, la commune vota l'année suivante, (10 mai 1819) un crédit de 500 francs pour les réparations les plus urgentes, puis adopta, en mars 1821, le projet de reconstruction de l'ouvrage suivant un devis estimatif de 3 675 francs pour les premiers travaux ; mais pendant des années on discuta encore de la largeur à donner au nouveau pont et des moyens de financement à répartir entre les communes intéressées. Enfin, le 22.juillet 1846, le conseil sollicitait la permission de traiter avec l'entrepreneur et il fallut attendre 1849 pour inaugurer ce nouveau pont de pierre !

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La réunion des trois communes devait souvent poser des problèmes de gestion car, dès 1819, le nouveau maire, Casimir Colard, et l'ensemble du conseil demandaient le détachement des Neuves-Granges et de Marloz, estimant " préjudiciable l'existence d'une seule mairie à Cirey, étant donné la distance qui empêche une bonne administration, le maire ne pouvant visiter que très rarement les écarts et s'informer de leurs besoins ". En 1846, le conseil demandera à nouveau le détachement de Marloz, avec l'idée de l'associer à Anthon et Dournon. Et la question sera encore examinée et approuvée au Conseil en novembre 1848. On sait qu'elle n'eût jamais de suite.

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En septembre 1846, un nouveau conseil municipal est nommé par le Préfet. Le maire désigné, Jean-Baptiste Caquard, " rentier " à Cirey, et les 9 conseillers, Benoît Michaud, Jean-Claude Colard, Claude-François Maillot, etc… prêtent individuellement serment, jurant " fidélité au roi des Français (Louis-Philippe), obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume.

   La tâche de ces conseillers n'était pas facile ; en effet, les récoltes de 1846 avaient été désastreuses et à Cirey comme dans tout le pays, la misère était grande. Aussi le 2 février 1847, pour ajouter aux secours envoyés par le gouvernement, le conseil " considérant que bon nombre de familles manquent d'ouvrage et de tout secours nécessaire aux besoins de la vie à la maison à raison de la cherté des denrées et du grand laps de temps qu'il y a à parcourir d'ici à la moisson, ouvre un crédit de 2 OOO francs - somme très importante pour l'époque - destiné à être utilisé en réparations sur les chemins vicinaux à condition d'y Employer exclusivement des journaliers de la commune.

   D'autre part, une somme de 1 500 francs était allouée pour " soulager les indigents des trois sections qui (étaient) dans un extrême besoin et hors le cas de pouvoir travailler, vieillards, infirmes et enfants en bas âge ". Ces dépenses extraordinaires, s'ajoutant au règlement de la construction du pont sur l'Ognon, devaient donner bien du souci aux édiles de l'époque.

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En février de l'année suivante, (1848), la monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe était renversée. Cet évènement national eut sa répercussion à Cirey comme ailleurs ; dès réception de l'arrêté préfectoral, le 12 mars, le maire Caquard réunit toute la population, lut publiquement la proclamation gouvernementale et dit à l'assemblée " une courte harangue " sur la nécessité de s'attacher au Gouvernement provisoire et à la République, de se réunir pour maintenir l'ordre et réprimer les abus en cas de besoin. Chacun a applaudi, l'adhésion a été générale. Après ce petit discours, le maire a terminé par " Vive la République ".

   Cependant, l'agitation politique des villes n'eut pas davantage d'écho à Cirey et seules les questions d'intérêt local retinrent dorénavant l'attention du Conseil Municipal. En 1849, il s'oppose au Préfet qui propose l'élargissement d'une partie du chemin vicinal entre les murs du château de Bellevaux et " un canton de vignes " des Neuves-Granges ; 7 m33 paraissent suffisants !

   Par contre, le 1er février 1850, le conseil envisage de créer six foires annuelles, " vu la nécessité de donner à la commune de Cirey des débouchés qui favorisent la vente de ses produits et que cette commune, placée sur l'Ognon dans un beau plateau, (est) entourée de nombreuses communes avec lesquelles elle communique par une grande quantité de chemins vicinaux ".

   Le champ de foire devait être établi sur un terrain communal, situé entre les deux ponts ; les dates étaient même fixées, mais le projet n'eut jamais de suite.

   En France, les régimes se succédaient ; la municipalité de Cirey était stable. Avec les années, le maire Caquard, l'adjoint Benoît Michaud, renommés, prêtaient serment de fidélité au Président (7.août 1852), puis à l'empereur (le prince président, devenu Napoléon III) (5 février 1853). Faisaient de même les huit autres conseillers, désormais élus, dont François Teinson, Hippolyte Colard, Ignace Maillot, François Noël, etc….

   L'entretien des chemins faisait souvent l'objet de leurs délibérations ; certes, ils avaient refusé, en 1851, de participer à l'élargissement de la route de Rioz à Etuz, comme de celle de Pouligney à Moncey. Cependant, et malgré la charge que leur imposaient les chemins vicinaux, ils donnaient le 15 août 1854 un avis très favorable au renforcement et à l'élargissement de la route de Loulans à Voray qu'ils réclamaient depuis des années.

   1°) Parce que cette ligne est la plus directe pour aller à Besançon où s'écoulent tous les produits agricoles de cette contrée ;

   2°) Parce qu'il existe à Loulans une usine considérable qui n'a point de débouchés dans nos villages et qu'en outre, on construit en ce moment à Beaumotte une usine de " drapperies " (sic).

   3°) Parce qu'entre Cirey et Beaumotte, sur les territoires de Vandelans et la Barre, il n'existe même pas de chemin vicinal ; sur une longueur d'environ 500 mètres, il n'y a qu'un chemin d'une largeur de 2 mètres où on ne peut croiser.

   Vandelans et la Barre se déclarèrent hostiles à ce projet, étant reliés à Rigney, malgré les risques d'inondations, par un bac !

   Quelques années plus tard (1861), Cirey applaudit au projet préfectoral de classement de cette même route qui doit apporter à la vallée " vie et mouvement " et la commune promet de participer aux travaux " par ses prestations et ses deniers ".

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En 1854, une sérieuse épidémie de choléra frappa les habitants de Cirey ; on nota dans l'année, 52.enterrements, chiffre anormalement élevé, et en 1855, le conseil inscrivit à son budget un crédit de 358 francs pour régler les dépenses relatives à cette maladie, puis un nouveau crédit de 235.francs pour payer les médecins qui avaient soigné les malades indigents. Encore que bien sommaires, les services médicaux commençaient-ils à s'organiser ? En 1859, il se créera un service de médecins cantonaux devant se déplacer à jour fixe pour assurer " la vaccine ".

   La distance séparant Cirey des sections devait poser des problèmes aux enfants qui, l'hiver, descendaient à l'école communale ; le conseil para à cet inconvénient en nommant, pour la mauvaise saison, des " sous-maîtres " chargés de l'instruction des enfants des écarts. A cette intention, il vota en 1857 une somme de 100 francs à répartir entre les deux sections. En même temps, il se préoccupait de la situation précaire des institutrices dont les émoluments sont extrêmement modiques et à qui " la rétribution scolaire échappe souvent parce qu'elles n'osent pas engager des poursuites pour se faire payer ". Le taux de rétribution pour les petites filles devint l'égal de celui des garçons.

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La question de l'eau potable occupa bientôt les travaux du conseil pendant de multiples séances. Jusqu'alors, les habitants de Cirey ne disposaient que de puits, dont un puits communal près de l'église, dans l'actuel jardin Grivet, et quelques puits chez des particuliers, tous donnant de l'eau " de très mauvaise " qualité ; d'autre part, le bétail devait se désaltérer à la rivière ou au canal, ce qui posait des problèmes par temps de glace. En 1858, la municipalité admit donc le principe de faire construire une conduite d'eau desservant Cirey depuis une source et dégagea les crédits nécessaires. L'année suivante, elle opta pour des tuyaux de fonte, plus onéreux, mais plus solides que ceux en terre cuite (coût 19 000 francs), et sollicita l'autorisation préfectorale pour faire élever des châteaux d'eau et passer des canalisations dans la forêt communale.

   Restait à régler l'implantation des fontaines et des abreuvoirs ; en novembre 1860, le maire Caquard faisait don d'un terrain, le long de son clos, pour installer une fontaine dans la patrie ouest de Cirey. Bientôt, d'autres propriétaires cherchèrent à bénéficier de la proximité d'un abreuvoir et firent assaut de générosité, sans doute intéressée. C'est ainsi que pour la fontaine au milieu du village, on ne put départager Hippolyte Colard et Claude Simonin ; les conseillers, par mesure de conciliation, optèrent pour un moyen terme en acceptant le terrain offert par Etienne Vuillier, entre les deux autres.

   Par la suite (1861), devant les réclamations justifiées des habitants de l'est de Cirey qui se trouvaient défavorisés, le conseil adopta le principe d'une nouvelle fontaine, après avoir dû persuader l'administration que le débit de la source était suffisant et que cette construction ne priverait pas d'eau les fontaines placées plus bas.

   Quant aux écarts, ils ne furent pas oubliés et Marloz, qui disposait d'une fontaine bien avant Cirey, reçut, peu après, les crédits nécessaires à sa restauration.

   Pourtant, les dépenses ne manquaient pas. En 1861, la cloche de l'église étant hors de service, le conseil dut envisager son remplacement et opta même pour deux cloches, la seconde étant réglée par souscription paroissiale. Sa confection en fut confiée à un fondeur vosgien, Martin Rosier, pour le pris de 3F50 le kilo augmenté de 150 francs pour les frais de dépose et installation, étant entendu que la cloche usagée était reprise pour 3F le kilo.

 

Mais, plus grave encore, les bâtiments de l'école et de la maison commune étaient dans un état lamentable. Déjà, en 1857, parant au plus pressé, on avait dû effectuer d'indispensables réparations à la charpente de la maison d'école. Leur transfert s'avérait indispensable. Le conseil envisagea, pour ce faire, deux parcelles situées au milieu du village, susceptibles d'être achetées ou échangées contre un terrain communal ; ces terrains étant confinés au nord par le jardin de la cure, une portion de celui-ci pouvait être libérée en contrepartie des " vieux grangeages ". Ce projet séduisant était adopté par la municipalité en 1860, mais la réalisation en fut lointaine, faute de moyens. Les subventions pour les écoles n'arrivaient pas vite malgré les demandes réitérées et le conseil, après un incendie à l'ancienne maison commune (1863) (est-ce à la suite de cet incendie que le conseil municipal envisagea de créer une compagnie de sapeurs-pompiers ?), dut encore procéder à d'indispensables réparations aux écoles (1864). En 1868, il se prononça définitivement en faveur de la construction d'une maison d'école à deux classes sur le terrain envisagé précédemment, jouxtant de préférence, la future maire. Pour cette dernière, on put heureusement acquérir, en 1877, un terrain rendu libre par l'incendie qui avait ravagé un bâtiment appartenant à la famille Roussey. Ainsi, se trouvaient dégagés, au milieu du village, l'ensemble des terrains nécessaires à la construction projetée ; Mais c'est seulement en 1881 que furent votés les crédits nécessaires en même temps que le principe d'un emprunt qui devait compléter les subventions reçues. (C'était là sans doute la conséquence des lois scolaires votées la même année, à l'instigation de Jules Ferry, instituant l'enseignement primaire gratuit et obligatoire).

   Enfin, le 9 novembre 1884, les archives communales étaient transférées dans la nouvelle mairie et l'ancienne louée aux enchères.

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Revenons une nouvelle fois en arrière : les questions d'eau n'avaient pas été épuisées avec la construction des fontaines. En 1866, la commune de Valleroy proposait d'acheter à Cirey une concession de 60 litres d'eau à la minute " à prendre dans le récipient de la fontaine qui prend sa source dans le village des Neuves-Granges ". Pour un engagement perpétuel, Valleroy offrait 4 000 francs et Cirey était d'avis d'accepter, " vu que la fontaine des Neuves-Granges donne en temps ordinaire 320 litres d'eau à la minute, vu que cette quantité d'eau dépasse de beaucoup les besoins de ses habitants. " Toutefois, les conseillers représentant le hameau concerné (Benoit Michaud, Jean-Claude Zéder, Ignace Maillot) posèrent comme condition que la somme versée serait exclusivement dépensée dans leur section.

   L'accord fut donc signé avec Valleroy sous la réserve que si, par suite de force majeure, le débit de la source ne permettait plus de satisfaire les besoins des Neuves-Granges estimés à 200 litres, aucun dédommagement ne serait dû. Ce risque paraissait minime car, " de mémoire d'homme, le débit de la source n'avait jamais varié ". Quelques années plus tard (1876), une autre source des Neuves-Granges fut vendue à la commune d'Aulx-lès-Cromary pour la somme de 1 250 francs, somme qui servit à refaire la maison d'école de cet écart (complétée par souscription des habitants).

   Quant à Cirey, le conseil décida (10 février 1867) de vendre à l'enchère le recépage d'un terrain communal sis à " la côte au Musit " pour 150 francs, dans le but d'acheter un lopin dans le bourg et d'y construire un lavoir demandé par tous les habitants et alimenté par le trop-plein d'une fontaine.

   L'agitation de la classe politique parisienne et la déclaration de guerre avec l'Allemagne ne semblent pas avoir eu d'écho à Cirey. D'ailleurs, les nouvelles ne se transmettaient pas vite. Un nouveau conseil municipal ayant été élu, le maire Caquard et l'adjoint Michaud renouvelés dans leurs fonctions, tous, le 4 septembre 1870, procédèrent à la prestation de serment habituelle et jurèrent " obéissance et fidélité à l'Empereur ". Le même jour, l'armée ayant capitulé à Sedan et Napoléon III étant prisonnier des Prussiens, la République était proclamée !

   En août 1871, le conseil municipal sera renouvelé, le maire Caquard reconduit, et l'adjoint sera François Bonnamy, des Neuves-Granges.

   Cependant, après les échecs du général Bourbaki, la guerre s'était approchée de nos régions. L'armée française du général Cambriels, chargée de défendre Besançon, avait descendu l'Ognon. On se battit durement à Voray et à Buthiers, pour atteindre la Saône, cependant, que les Badois arrivaient par Rioz. Cirey ne fut pas champ de bataille, mais occupé par les armées ennemies et ses habitants furent victimes de réquisitions ou de vols.

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Le territoire libéré, le conseil envisagea d'indemniser les gens spoliés. Qui avait perdu des chevaux, des bœufs, des moutons, qui avait dû fournir des céréales ou du vin, qui s'était vu déposséder de voiture, de harnais etc…. Or, la commune avait à faire face à d'importantes dépenses, notamment pour la maison d'école et ne pouvant vendre ses rentes sur l'Etat en raison de leur baisse, elle contracta un emprunt qui lui permit de parer au plus pressé. L'Etat, d'ailleurs, assura le paiement de ces dommages de guerre, mais seulement en 1874.

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Au cours de l'année 1873, un différend avait opposé les édiles à Monsieur Joseph Hautberg, demeurant à Calmoutier, propriétaire du moulin de Cirey. Ce dernier avait demandé au Préfet de mettre à la charge de la commune les frais de curage du canal en aval de son moulin et de réparation du petit pont sur ledit canal. Le conseil repoussa cette requête, estimant que ce pont avait été construit, non par la commune, mais par les moines propriétaires du moulin, que le canal avait été creusé dans le seul intérêt de l'usine et que, sans cet ouvrage, Cirey serait baigné " par le lit tout entier de la rivière, ce qui serait assurément préférable ", pour servir d'abreuvoir et de lavoir, qu'enfin c'était seulement l'existence du canal qui avait entraîné la nécessité d'un pont.

   En 1899, le conseil, sollicité à nouveau pour le curage du canal, confirmait que les frais devaient en être laissés exclusivement à la charge du meunier.

   D'ailleurs, la commune ne pouvait supporter des charges supplémentaires, la reconstruction du grand pont grevant déjà son budget. Elle avait aussi à subvenir aux frais d'élargissement de la route de moyenne vicinalité n° 26 (Voray-Loulans) à son arrivée dans Cirey, laquelle se trouvait rétrécie entre le mur du cimetière et les propriétés Humbert et Mouffet, d'où achat de terrain auprès des particuliers. Par contre, la fabrique se chargea de régler l'acquisition d'un champ situé au nord du cimetière, destiné à compenser la partie récupérée pour l'élargissement de la route, et les prestataires furent employés à déplacer la terre des anciennes sépultures.

   Cette route, d'ailleurs, absolument nécessaire à la vie de la vallée, faisait souvent l'objet de controverses entre la commune et l'administration ; cette dernière avait eu l'intention de faire passer le chemin par Bellevaux, d'où allongement et accès difficile à Cirey ; après avoir obtenu le maintien de la route du Plombier, le maire se heurta à nouveau aux représentants de l'administration qui préconisaient un tracé passant par Vandelans et la Barre pour gagner Beaumotte ; le conseil s'opposa à cette proposition, alléguant à juste titre les kilomètres supplémentaires.

   Les dépenses de l'instruction primaire, elles aussi, pesaient annuellement sur le budget communal. En 1875, par exemple, l'instituteur recevait 800 francs pour l'année, l'institutrice 500.francs ; la location d'une maison pour l'école des filles coûtait 60 francs, le bois pour le chauffage des locaux 90 francs et il s'y ajoutait une indemnité pour les sous-maîtres des écarts. En regard, la participation des parents ne s'élevait qu'à 200 francs.

   Et naturellement, les frais imprévus ne manquaient pas. C'est ainsi qu'à la suite d'un incendie chez un particulier, Jean-François Roussey, le 29 août 1877, la commune dut faire appel aux pompiers de Rioz, Rigney et Chambornay. Après l'effort, les hommes du feu se restaurèrent largement et il fallut régler à l'aubergiste Alphonse Burgerey 122,22 francs pour 149 litres de vin (47 centimes ½ litre, le litre ?), 125 litres de bière, un double décilitre d'avoine, etc… et à l'épicier Hippolyte Colard une dizaine de francs pour divers achats de café, chicorée, fromage de gruyère (1 kg 750 pour 4 F 20 !), etc…

   De plus, le maire de Rioz ayant réclamé une indemnité de 17 F 50 pour la participation de ses pompiers, le conseil, beau joueur, acquiesça, tout en soulignant que jamais semblable demande n'avait été émise.

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Jusqu'à cette époque, les réunions du conseil semblent s'être déroulées dans l'harmonie; les résolutions étaient votées par tous les conseillers présents et le maire Caquard constamment réélu ; en 1874 (adjoint : François Bonnamy), en 1876 et 1878 (adjoint : Benoit Michaud).

   A partir de 1881, il en alla tout autrement. Aux élections de janvier de cette année là, il fallut un second tour pour départager Caquard et Michaud, lequel renonça alors à son poste d'adjoint en faveur de Vuillemot. Mais l'élection du maire ayant été invalidée par le Conseil de Préfecture, Caquard et Michaud se retrouvèrent candidats rivaux : les conseillers étaient alors au nombre de 10 ; il fallut trois tours de scrutin et Michaud fut élu maire au bénéfice de l'âge. Les querelles personnelles ou politiques allaient désormais perturber la vie de la commune pendant des années.

   Avec les élections de mai 1884, les tensions s'aggravaient encore et c'est de nouveau au bénéfice de l'âge que Benoit Michaud fut élu maire contre jules Sauzay. Dès lors, les problèmes de gestion demeureront souvent en suspens, MM Sauzay, Léon Cachot, Zéphyrin Burgerey et Vuillemot, représentants de Cirey, refusant de se rendre aux séances ou d'approuver le compte administratif du maire qu'ils jugeront inexact. En 1885, la plupart des séances seront ajournées, faute de quorum ; devant cette carence, le budget ne put être voté, et dut être établi par le Préfet en avril 1886, ce qui ne le fit pas approuver pour autant, 5 conseillers s'étant abstenus. Finalement, le maire renonça à son poste et les 5 élus de la section de Cirey démissionnèrent.

   Avec la nouvelle assemblée, on put croire l'harmonie rétablie car le maire Vuillemot fut élu à l'unanimité. Mais ce fut de courte durée. A leur tour, les représentants des sections furent vite amenés à refuser leur vote, et Vuillemot démissionna. Réélu le 3 avril 1887, il se récusa et le 17 du même mois, le conseil, apparemment toujours divisé, portait à sa tête Léon Cachot. Etait-ce la paix retrouvée ? Ce n'était qu'une illusion car, dans les mois qui suivirent, les réunions du conseil furent fréquemment ajournées du fait des représentants de l'un ou l'autre bord, ce qui entraîna la démission du maire et de trois conseillers de Cirey ? Le 30 octobre 1887, Cachot était réélu avec Eugène Grangeot, Zéphyrin Burgerey et Jean-François Roussey ; porté à la mairie, il démissionna un mois plus tard, et fut réélu maire le 8 décembre. Ces querelles intestines ne pouvaient qu'être préjudiciables à la bonne administration de la commune.

   A la suite des élections générales de mai 1888, Cachot et Philippe Jacquet furent élus maire et adjoint par 9 voix, ce qui tend à prouver que la paix était définitivement rétablie.

   Le premier travail du nouveau conseil fut de se prononcer pour le maintien de l'école des filles de Cirey, menacée par ce que le bourg comptait moins de 400 habitants. (Marloz et les Neuves-Granges avaient des écoles mixtes). Le conseil fit valoir que la commune jouissait d'un local neuf et qu'il était très désirable de procurer, conformément au vœu de la loi et à celui de familles, une éduction distincte et spéciale aux filles de Cirey, à ce moment bien plus nombreuses que les garçons. La municipalité s'engageait à pouvoir intégralement au traitement de l'institutrice.

   Les édiles prirent des décisions novatrices, comme celle d'implanter dans la commune des cépages américains pour reconstituer les vignes détruites par le phylloxera, ou comme la création d'un poste d'observation météorologique dans le jardin de l'instituteur.

   En 1893, il sévit dans la région une sécheresse catastrophique et les habitants de Cirey furent autorisés à mener paître leurs bêtes dans les bois du château de la Barre. Pour la même raison, la municipalité interdit la chasse en plaine aux étrangers de la commune. Devant la gravité de la situation, l'ingénieur du service Hydraulique de Vesoul fut amené à mettre gratuitement à la disposition des communes de Cromary, Buthiers et Cirey la pompe rotative du Service de la Saône afin d'irriguer leurs prairies à l'aide la force motrice produite par cette machine à vapeur. Malheureusement, cette pompe n'était pas montée sur roues ; le mécanicien Burgerey y remédia : mais, au moment où tout fut prêt, la pluie se mit à tomber.

   En 1894, se posa la question onéreuse de la reconstruction du grand pont. Le conseil débloqua un crédit de 1O OOO francs à cette intention, tout en sollicitant l'aide du Conseil Général. Finalement, les choses ne s'arrangèrent pas mal puisque la dépense, arrêtée en 1895 à 46 OOO f, se décomposa ainsi : 9 509 à la charge de la commune, 15 857 à celle du Département, 20 194 pour l'Etat. On pouvait désormais traverser l'Ognon en toute tranquillité.

   Tranquille aussi semblait être la vie à Cirey où les soucis quotidiens accaparaient sans doute les gens, mais où le calme était revenu puisque aux trois élections successives (1892 - 1896 - 1900), le maire Cachot fut toujours reconduit dans ses fonctions.

   En juin 1900, pour faciliter l'installation à Rioz d'un jeune vétérinaire, Lucien Monnet (futur maire de Voray), Jules Jeanneney (futur président du Sénat), maire du chef-lieu de canton, demande à ses collègues une légère participation pour assurer à ce praticien une annuité d'installation de 500 francs pendant 3 ans. Les avantages pour les cultivateurs étant évidents, le Conseil accorde à l'unanimité l'indemnité annuelle de 10 francs qui lui est demandée.

   Par contre, en 1902, eu égard à la situation financière de la commune, il déclare que celle-ci ne peut être comprise dans le projet de construction d'un réseau téléphonique. Il exprimera d'ailleurs les mêmes regrets en 1906.

   En 1904, Edmond Zédet accède à la mairie (mais Léon Cachot retrouva son poste de maire en 1908 et 1912 ) et le Conseil s'assure le concours d'un secrétaire de mairie en la personne de l'instituteur.

   En 1905, la commune de Chambornay acquiert pour 1 899 francs l'excédent de la source de " la fontaine aux loups ", située sur le territoire des Neuves-Granges, source dont une partie (50 litres à la minute) a déjà été cédée à Aulx-les-Cromary en 1876. Or, cette dernière localité n'a jamais effectué le travail nécessaire pour utiliser l'eau dont elle s'est rendue propriétaire. Chambornay devra donc s'entendre comme bon lui semblera avec la commune d'Aulx-les-Cromary pour le partage de cette eau sans la moindre intervention de la commune de" Cirey qui décline toute responsabilité dans les travaux de captation, d'analyse ou de conduite.

   En juin 1906, en raison de la présence à Cirey de " 2 boulangers-épiciers ", d'un menuisier, de plusieurs mécaniciens et rentiers, sans tenir compte des fonctionnaires ", "le Conseil demande à l'administration postale qu'il soit procédé à une seconde levée de la boite aux lettres afin que les habitants de Cirey puissent répondre " sur le champ " à leurs correspondants. Et cette requête reçut satisfaction!

   Quant aux promenades en forêts, elles devaient présenter quelques risques car, en 1907, la commune dut ouvrir un crédit de 3 F (!), montant de sa participation à la destruction des loups dans le massif forestier dont ses bois faisaient partie.

   Nouvelle amélioration, la mise en place, en 1909, d'une bascule publique près du petit pont.

   Enfin, après une acquisition d'une nouvelle pompe aspirante et refoulante, le conseil demande en 1911, la création d'une subdivision de sapeurs-pompiers qui sera constituée le 16.juin 1912. Feront partie de la première équipe, Louis, Léon, Paul et Joseph Burgerey, Eugène Roussey, Joseph et Henri Chevassut, Maurice Gros, Just et Adolphe Noël, etc…

   La même année, il fut nécessaire d'effectuer des réparations aux toitures de l'église et du presbytère. Il faut préciser que, depuis 1905, le régime des cultes était changé en France à la suite du vote de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat. Les conseils de fabrique avaient donc cédé aux communes la propriété des édifices cultuels et des presbytères, d'où la nécessité d'inscrire au budget la somme utilisée pour les travaux.

   A la rentrée scolaire de 1912, l'école de filles est supprimée et l'école de garçons transformée en école mixte.

   L'année suivante, Cirey se dote d'un élément de confort appréciable ; alors qu'en 1904, la municipalité n'avait pas accepté les propositions de la Société Flusin-Fournaud, de la station électrique de Moncey, celle-ci se voit accorder pour 40 ans, la concession de l'éclairage électrique du village. (Rappelons qu'à cette époque, les abonnements étaient souscrits au nombre de lampes, sans limite de consommation).

 

Avec la déclenchement des hostilités, en 1914, il ne fut plus question d'engager des dépenses hors celles d'assistance ou de gestion, mais plutôt d'accorder des exonérations. Le 25 octobre 1914, le conseil souhaita " bonne santé et prochain retour " aux conseillers mobilisés pour la durée de la guerre : Jules Michel, Just Noël, Eugène Roussey, Louis Bergerey, Ovide Maillot. Et comme toutes les communes de France, Cirey dut vivre au rythme de la guerre, appauvri par les réquisitions, privé du travail des hommes, mais surtout plongé dans l'angoisse pour le sort des combattants.

   On sait d'ailleurs quel lourd tribut le village paya pendant ces quatre années d'hostilités, puisque 12 de ses enfants ne revinrent jamais.

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Le Maire Cachot étant mort en septembre 1918 et l'adjoint faisant fonction, Alfred Noël, quelques mois plus tard, Jules Michel assuma leurs responsabilités jusqu'aux élections de 1919, lesquelles portèrent Edmond Zédet à la tête de la commune. La paix revenue pour la France allait permettre à Cirey de reprendre son développement.

   Après l'électricité, le téléphone : il est demandé en 1924 avec l'accord de la municipalité par le meunier Emile Hautberg qui propose d'assurer gratuitement la gérance de la cabine.

   Quelques automobiles devaient, de temps à autre, traverser le pays. Aussi, en 1924, un arrêté est-il pris pour en limiter la vitesse à 8 km/h ! Un an plus tard, cette vitesse est portée à 12 km/h ; 1934 à 20 km/h (10 km pour les poids lourds).

   En vue des élections de mars 1925, le nombre des conseillers est porté à 11, mesure devant faciliter le votre des résolutions, Emile Hautberg est élu à la mairie ; mais le scrutin des sections est annulé en conseil de préfecture et Monsieur Hautberg renonce à son poste. Les élections partielles de septembre ramèneront les mêmes conseillers, lesquels choisiront Jules Michel et Just Noël comme maire et adjoint.

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Jusqu'à ce moment, les habitants de Cirey devaient chercher l'eau aux fontaines communales, ce qui avait amené plusieurs d'entre eux à demander des concessions à domicile. En 1927, " devant l'abondance et la proximité des sources qui alimentent les fontaines publiques dans des conditions d'approvisionnement exceptionnellement favorables ", le conseil décide d'acquiescer à ces requêtes : il pourra donc être accordé des concessions particulières, strictement réglementées et exclusivement limitées à deux robinets. Le tarif est de 50 F pour le premier robinet, 35 F pour le second.

   Dans les mêmes conditions, une seule concession d'eau est demandée à Marloz et sera accordée.

   A la suite des élections de 1929, Victor Grosjean et élu à la tête de la commune. Mais ses fonctions de receveur buraliste étant incompatibles avec celles de maire, il sera obligé de démissionner ; en janvier 1930, Henri Guillemin lui succèdera.

   Pendant son mandat, le conseil envisagera l'électrification de Marloz et des Neuves-Granges.

   C'est Francis Jacques qui prendra la relève, après les élections de " mai 1935, avec Eugène Roussey pour adjoint.

   Un des premiers soins de la nouvelle municipalité sera de réaliser l'extension du réseau de distribution électrique. Dix an plus tôt, la Compagnie Electrique de Franche-Comté (qui avait succédé au Ets. Flusin-Fournaud) avait proposé l'installation d'une nouvelle ligne à haute tension, mais la municipalité n'avait pas donné suite à cette offre, considérant " que la commune était exclusivement composée de cultivateurs et que l'emploi de moteurs électriques n'était pas à envisager pour le moment " ! Or, en une décennie, les choses avaient évolué et l'Etat proposant une subvention intéressante, le conseil envisagea de transformer rapidement le réseau existant en triphasé (février 1936). En même temps, devaient être engagés les travaux d'électrification des Neuves-Granges et de Marloz prévus antérieurement et pour lesquels la commune contracta un emprunt. Mais, c'est seulement en 1937 qu'aura lieu la mise en service des nouvelles installations et, en août 1938, le conseil accorda définitivement après enquête la concession de distribution d'énergie électrique pour l'ensemble de la commune à la Société des Forces Motrices de l'Est, étant donné " que cette distribution est parfaitement assurée depuis la mise en service des nouvelles installations ". (Toutes les sociétés privées de distribution d'électricité furent nationalisées après la guerre 1939-1945, pour former l'E.D.F.).

   Autre facilité accordée aux habitants de Cirey : depuis 1937, l'auto-car de la Société des Monts-Jura assurant le service Besançon-villersexel desservait la commune. En dédommagement, le conseil accordait une subvention annuelle de 100 F à cette entreprise. (Quelques 15 ans plus tard, ce service ne fut plus quotidien ; puis, devant le développement de l'automobile, il fut complètement supprimé).

   Pour augmenter les revenus de la commune, la Municipalité modifiait la réglementation de 1927 sur les concessions d'eau et portait à trois le nombre de robinets autorisés, attendu que c'est la section du tuyau de prise d'eau qui limite le débit accordé à chaque abonné. Il était aussi permis d'utiliser l'eau dans les étables pour les besoins du bétail.

   Depuis 1936, la pratique de la pêche était facilitée ; En effet, les propriétaires riverains avaient abandonné à la commune leurs droits de pêche pour une durée de 3 ans ; seuls, les pêcheurs étrangers à Cirey étaient tenus d'acquitter un droit.

   Quant à la chasse, elle devait être aussi favorisée puisqu'en juillet 1939, le conseil décidait de donner les droits de chasse dans les bois et les terrains communaux en location à l'Amicale des chasseurs de Cirey pour une redevance annuelle de 400 francs. Cette redevance ne fut pas mise en recouvrement (décision du 11 octobre) car, entre temps, la France était entrée dans la guerre.

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